Ouverture d'une baie en sous œuvre


Le programme concerne la réhabilitation d'une ancienne maison dans le cœur du village de Corconne en mai 2007.
La maîtrise d'œuvre est assurée par Ludovic PHILIPPON, architecte à Quissac, qui me donne l'aimable permission de reproduire ici le plan d'élévation d'une des façades dont un élément va nous intéresser ici.
Il s'agit de l'ouverture en sous œuvre d'une fenêtre hémi circulaire en rez-de-chaussée.
La difficulté réside dans la grande largeur de la baie dans un massif qui reçoit des charges importantes.
Le tracé de l'ouverture est guidé par les impératifs de la structure intérieure : une voûte d'arêtes.

Pour réaliser l'ouvrage dans cette maçonnerie de pierre et de chaux, il nous faut procéder par étapes. Car cette partie en soubassement a été longtemps érodée par les rejaillissements des eaux de toiture et contrainte sous les charges importantes de la façade ; elle se présente à nous comme relativement "fatiguée".
La première étape consiste donc à démolir le parement extérieur en prenant soin de conserver le parement intérieur, la fourrure et les encorbellements nécessaire à la création d'un arc de décharge naturel.
Le cintre en bois provisoire est placé dans le "trou" dont les dimensions se sont agrandies pour constituer la réserve.

Déjà, les briques prennent leur position rayonnante sur le cintre, elles sont graissées préalablement avec un mortier gras de chaux naturelle. Au premier plan, les briques anciennes (de récupération) sont empilées.

Celui-ci, prépare en effet le matériau par trempage et ressuyage pour éviter la dessiccation du mortier.
Le hourdage des briques est relativement rapide et les deux compères s'activent en concert pour livrer l'arc et l'appareil en pierre de reprise afin de lier l'ouvrage "frais" au corps existant.

L'arc prend forme...

... et la maçonnerie se referme.


Après 3 jours de "séchage", Thierry peut retirer le cintre provisoire.

S'il faut pratiquement deux mois avant que le mortier de chaux ne soit complètement sec, "pris" ; le décoffrage de notre ouvrage peut, cependant, être effectué pour les raisons suivantes :
  • La prise hydraulique qui représente 20% de la prise totale (hydraulique + aérienne) est suffisante après ces trois jours pour permettre la bonne cohésion du mortier et supporter la compression (charge de compression engendrée par l'arc = poussée) ;
  • Le clavement des briques est d'ores et déjà assuré par la pose des derniers éléments (clef) ;
  • Le vide maintenu au-dessus de l'ouvrage évite le report des charges du mur (ce report est toutefois empirique du fait de l'existence de l'arc de décharge naturel).
Après avoir rempli le vide au-dessus de l'arc en prenant soin de bien reprendre les charges du parement intérieur par l'insertion de boutisses, nous peuvons démolir le parement intérieur...


C'est chose faite.

A l'intérieur, il faut épouser au maximum la génératrice de la voûte.
Sur la photo ci-contre, on peut remarquer que le programme est en bonne voie.
Le rétablissement du parement intérieur va prendre forme dans la création d'un arc ébrasé qui permettra de créer une retombée d'environ 30 cm.

Notons que les pierres du parement intérieur comme "suspendues" au-dessus du vide, sont en réalité maintenues grâce :
  • aux boutisses mises en œuvre,
  • à la présence de la voûte qui empêche le déchaussement vers l'avant.
Pour réaliser l'arc ébrasé, un autre coffrage est réalisé.

Celui-ci est posé rapidement ; puis calé, il reçoit un autre "rouleau" de briques. La maçonnerie en pierre et chaux termine la restitution du parement de mur intérieur.

La baie hémi circulaire est libérée de son cintre provisoire. Le mur a retrouvé sa complétude et les charges sont maintenant déviées vers les côtés.

Il ne reste plus qu'à exécuter l'appui de fenêtre à l'extérieur et un ébrasement intérieur pour augmenter la pénétration de la lumière.
L'appui est réalisé avec un béton de ciment à la demande du maitre d'ouvrage. C'est une forme d'arase, exécutée sur la maçonnerie de pierre et chaux, réalisée avec un glacis pour faciliter le ruissellement des eaux pluviales vers l'extérieur.