Feston d'arcature avec voussoirs engagés

La confection d'un arc en pierre froide se fait ordinairement à l'aide d'un cintre en bois de bonne conception et d'une solidité propre à résister à une charge importante.
Dans la photo ci-dessus (chantier de restitution d'une chapelle romane à Logrian-Florian en mai 1997), la charge de l'arc est approximativement de deux tonnes. Cette charge se répartie bien évidemment sur les piédroits, mais au fur et à mesure que la courbe se construit et tant que la clef n'est pas mise en œuvre, la pression qui s'exerce sur le cintre peut atteindre une tonne.

Il arrive que l'emploi de cintres en bois soit rendu délicat et compliqué par la contexture d'un existant particulier.
C'est notamment le cas d'une l'arcature qui enjambe une maçonnerie irrégulière et sinueuse.
Aussi étonnant que cela puisse paraître le matériau le mieux adapté est le polystyrène expansé.
Nous remarquons plus haut alors que l'ouvrage est livré dans son ensemble et que l'échafaudage le masquant à été déposé, des cintres pleins en polystyrène rangés dans le porche.

Nous allons voir comment cet usage est rendu possible.

On peut se demander, effectivement, comment de simples morceaux de polystyrène peuvent retenir la charge importante que représentent les claveaux de pierre froide.
En réalité, la résistance à la compression de ce matériau est relativement importante pour peut que l'on répartisse les charges.

De plus, l'astuce consiste à conserver les tympans. C'est-à-dire que la démolition de la maçonnerie pour constituer la réserve ne doit concerner que l'emprise de l'arcature.
Car c'est le mur "tympan" qui reprendra les charges pendant la mise en œuvre de l'arc.

Il faut pour cela mettre en œuvre de long claveaux dont les queux sont bien engagées dans la maçonnerie existante autrement dit sur les tympans.
Toutefois, dans le cas d'un encorbellement très important comme le montre la photo ci-dessus, un claveau de faible profondeur peut être porté par la structure provisoire. Il faut comprendre que les cintres en polystyrènes sont bien bloqués par les retombés d'arcature. De plus un chevronnage donne une base solide au éléments légers.

Ce qui saute aux yeux, ici, c'est la grande facilité, la praticité du dispositif. En effet, le plan de l'arcature est en queue de billard ; qu'importe, il suffit de disposer en éventail les différents éléments de polystyrène.
Et je ne parle même pas de la facilité de découpe des panneaux (pas de commande, pas de délais de fabrication), de leur facilité de mise en œuvre (légèreté).

Cet ensemble composé d'un porche et d'une arcature sur corbeaux est un ouvrage neuf établi contre et sur un vieux mur à rupture et à plan sinueux. Il représente le fondement d'une façade gouttereau d'une chapelle romane figurant dans les références de l'entreprise.
L'arc en plein cintre (ou presque) a pris la place d'un mur aveugle, son tracé suit celui de la voûte en berceau de l'ancienne salle en créant une retombée. Il constitue l'entrée d'un porche menant à la crypte. Le feston d'arcature est "l'artifice" le plus élégant sinon le plus Roman qui a permis de racheter le plan irrégulier et sinueux du vieux mur et il compose un encorbellement d'une remarquable "légèreté".

Enfin, l'arcature et l'arc ont été réalisés à partir de pierres "tout venant" (pierre des champs) soigneusement choisies et taillées par l'équipe ; et hourdées au mortier de chaux naturelle.
L'équipe étant constituée de trois personnes, les trois corbeaux massifs ont reçu la signature de chaque compagnon.