Réalisation d'un plafond provençal

(ou plancher à planches et augets)

Si le précédent article intitulé "Plafond provençal" introduisait ce type de structure parmi les références de l'entreprise, ce présent chapitre s'attardera un peu plus sur sa réalisation proprement dite.

La particularité de ce programme, est qu'il s'inscrit dans un projet de construction et non dans une réhabilitation. Cependant le mode opératoire n'en ai pas différent mis à part les sujétions de levage des bois, de renforcement des structures existantes - lorsque c'est le cas - et de coulage de la dalle : sujets qui ne seront pas traités ici.

Dans ce projet, les éléments mis en œuvre sont des bois récents, aussi nous avons recommandé au maître d'ouvrage une finition qui permette d'atténuer l'aspect "neuf".

C'est un blanchiment (ou chaulage) qui s'inscrit dans la tradition dans notre région puisque les anciens ne laissaient rarement les matériaux de structure apparents. En effet, dans les locaux d'habitations ceux-ci étaient enduits de plâtre pour améliorer l'esthétisme et garantir l'ouvrage contre les risques d'incendie. Sinon dans les locaux agricoles, les structures étaient chaulées régulièrement afin d'assainir les lieux.

Dans notre projet, cette finition que nous appellerons "blanchiment" est facilitée car évidemment nous la réalisons avant la mise en œuvre.

C'est une peinture pour le bois diluée et appliquée au rouleau sur les planches brutes. Après séchage complet, les planches ainsi préparées sont poncées rapidement ce qui laisse ressortir partiellement le bois naturel alors que les creux du bois conservent le blanc.
L'effet obtenu n'est pas à proprement parlé une céruse* même si on peut le trouver similaire car il n'emprunte pas la même procédure ni les mêmes produits.
(*) On appelle souvent à tord "effet cérusé" toute patine ou peinture non uniforme.

Les solives reçoivent le même traitement et sont posées sur une platine en contreplaqué pour parer à d'éventuels retraits ou torsion du bois.
La partie haute des murs et les retombées ont été gobetées préalablement à la mise en place du plancher afin de se soustraire aux sujétions de protection du plafond qui aurait été nécessaire lors de l'exécution des enduits de chaux intérieurs.

Les plateaux sont rapidement posés et fixés sur les poutres en ayant soin de ménager un espace intermédiaire que remplira l'auget de mortier. S'il y a des travées sans solives, les planches seront liées entre elles par des liteaux ou rablettes cloués aux abouts (photo ci-dessus, à droite).

Pour confectionner les augets au mortier (ou au plâtre selon les régions), il est nécessaire de coffrer en sous face avec des voliges par exemple. Ces voliges de toutes largeurs sont vissées directement sous les plateaux en laissant un petit écart entre elles pour anticiper le léger gonflement du bois au moment du coulage et pour donner l'effet structuré aux augets.

Au niveau des solives quand celles-ci sont flacheuses - si ce ne sont pas tout simplement des bois ronds - nous couvrons les vides de coffrage avec des fiches de bois (refendues dans les chutes des plateaux).
C'est un choix esthétique bien sûr, mais l'économie en matériau (le mortier ou le plâtre) n'est pas négligeable.
Après avoir disposé les lignes d'étais en travée (et sous les poutres si nécessaire), le coulage des augets est rendu possible. Dans notre région l'auget est réalisé au mortier de chaux avec ou sans ajout de pierres caverneuses (du tuf par exemple) ou de paille. Le fibrage du mortier est une solution avantageuse tant l'auget reste fragile avant coulage de la dalle de béton ; il se fait avec de la paille tout simplement : un matériau naturel, économique et écologique !

Le décoffrage peut s'effectuer le lendemain du coulage de la dalle de béton armé.
Cependant les lignes d'étais seront maintenues pendant au moins 21 jours.