Auvent sur piliers en pierre

Quoi de plus banal qu'un appentis... et pourtant on peut réellement se faire plaisir. En voici la preuve !
Prenons une cour située à Quissac (juin 2007)...

Observons l'identité architecturale du bâti existant, les matériaux utilisés, les modèles.
Ici la pierre tendre (de Pondre très certainement) est de mise pour les encadrements. Les piliers de l'ancien portail sont faits de cette même "pierre du sud".
Les maçonneries de pierre et de chaux des bâtiments principaux sont revêtues d'un vieil enduit avec finition projetée. Par contre les annexes et petits bâtiments attenants nous montrent leur structure et la pierre est à vue.
Les couvertures sont de tuiles rondes anciennes et les pentes sont relativement importantes, de 25 à 30 %.
Enfin, s'il y a une modénature, on la trouve dans le couronnement du portail. Elle se matérialise dans les chapiteaux et dans le couronnement en doucine du mur de clôture (photo ci-dessous).

Le programme : Le auvent, un simple appentis, s'établit sur un mur goutterau et deux piliers ; il se rattache au bâtiment principal. Le goutterau aveugle, puisqu'en limite séparative, ferme la parcelle concernée pour offrir protection au vent, au soleil et "aux vis à vis". La pente du toit dirigée vers le séparatif, ouvre un large volume vers la parcelle pour récupérer lumière et "générosité".

Sur les fondations depuis longtemps coulées, le mur gouttereau est l'occasion de montrer la pierre. La tête de mur en pierre de Castries (pierre de substitution à celle Pondre qui ne s'extrayait plus en 2007) rappelle la structure des piliers du portail de la cour.
Une base de faible empattement marque l'assise de l'ouvrage et apporte esthétiquement une certaine "stabilité".
L'autre parement du mur, destiné à être enduit, est en aggloméré de ciment. Cela permet de gagner en temps et en énergie.

Les piliers s'élèvent simultanément et reproduisent le schéma de la tête de mur.

Les premiers blocs que nous taillons sont les corbeaux qui vont soutenir certains éléments de la charpente. Leur tracé reprend la forme d'une doucine dont te tracé s'inspire du modèle (mur de clôture).

Rapidement mis en œuvre, les corbeaux sont vite surmontés d'autre éléments. Le couronnement des piliers se fait avec un tailloir, son profil reproduit ceux des filets et du boudin qui couronnaient les chapiteaux du portail.

Le lot maçonnerie est maintenant pratiquement livré et l'ouvrage est dans l'attente de la charpente.

Ce sont les établissements Lodor à Quissac qui approvisionnent le chantier. Le camion grue est sollicité pour le levage des grosses pièces : des bois ronds équarris. Les chevrons et voliges sont stockés sur le côté.
On peut noter qu'il n'y a pas de charpente assemblée, n'en déplaise aux charpentiers. Cette charpente procède par empilement selon un "art propre aux maçons".
En effet, les pièces rondes horizontales ne sont pas des entraits mais des linteaux car ils reçoivent les charges de la toiture transmises par la panne intermédiaire.

Ensuite vient la pose du voligeage, avec mise en place d'un châssis de toiture pour apporter de la lumière sur l'imposte de la porte d'entrée qui devient "second jour".


Et l'exécution de l'enduit sur le parement en aggloméré de béton. La couche de finition à base de chaux et de sable coloré clair est lissée "truelle".

La couverture réalisée avec des tuiles rondes, anciennes pour celles de couvert, termine agréablement l'ouvrage et réussi son intégration.
Une double rive permet de protéger les abouts de voliges qui posées en dépassement assurent la protection des grosses pièces du dessous.
Outre le solin en plomb, réalisé sur mesure, un ouvrage métallique est à remarquer : La gouttière havraise récupère les eaux de pluie avant qu'elles se déversent sur le fond voisin et évite les sujétions de réalisation d'un chéneau encaissé.

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Feston d'arcature avec voussoirs engagés

La confection d'un arc en pierre froide se fait ordinairement à l'aide d'un cintre en bois de bonne conception et d'une solidité propre à résister à une charge importante.
Dans la photo ci-dessus (chantier de restitution d'une chapelle romane à Logrian-Florian en mai 1997), la charge de l'arc est approximativement de deux tonnes. Cette charge se répartie bien évidemment sur les piédroits, mais au fur et à mesure que la courbe se construit et tant que la clef n'est pas mise en œuvre, la pression qui s'exerce sur le cintre peut atteindre une tonne.

Il arrive que l'emploi de cintres en bois soit rendu délicat et compliqué par la contexture d'un existant particulier.
C'est notamment le cas d'une l'arcature qui enjambe une maçonnerie irrégulière et sinueuse.
Aussi étonnant que cela puisse paraître le matériau le mieux adapté est le polystyrène expansé.
Nous remarquons plus haut alors que l'ouvrage est livré dans son ensemble et que l'échafaudage le masquant à été déposé, des cintres pleins en polystyrène rangés dans le porche.

Nous allons voir comment cet usage est rendu possible.

On peut se demander, effectivement, comment de simples morceaux de polystyrène peuvent retenir la charge importante que représentent les claveaux de pierre froide.
En réalité, la résistance à la compression de ce matériau est relativement importante pour peut que l'on répartisse les charges.

De plus, l'astuce consiste à conserver les tympans. C'est-à-dire que la démolition de la maçonnerie pour constituer la réserve ne doit concerner que l'emprise de l'arcature.
Car c'est le mur "tympan" qui reprendra les charges pendant la mise en œuvre de l'arc.

Il faut pour cela mettre en œuvre de long claveaux dont les queux sont bien engagées dans la maçonnerie existante autrement dit sur les tympans.
Toutefois, dans le cas d'un encorbellement très important comme le montre la photo ci-dessus, un claveau de faible profondeur peut être porté par la structure provisoire. Il faut comprendre que les cintres en polystyrènes sont bien bloqués par les retombés d'arcature. De plus un chevronnage donne une base solide au éléments légers.

Ce qui saute aux yeux, ici, c'est la grande facilité, la praticité du dispositif. En effet, le plan de l'arcature est en queue de billard ; qu'importe, il suffit de disposer en éventail les différents éléments de polystyrène.
Et je ne parle même pas de la facilité de découpe des panneaux (pas de commande, pas de délais de fabrication), de leur facilité de mise en œuvre (légèreté).

Cet ensemble composé d'un porche et d'une arcature sur corbeaux est un ouvrage neuf établi contre et sur un vieux mur à rupture et à plan sinueux. Il représente le fondement d'une façade gouttereau d'une chapelle romane figurant dans les références de l'entreprise.
L'arc en plein cintre (ou presque) a pris la place d'un mur aveugle, son tracé suit celui de la voûte en berceau de l'ancienne salle en créant une retombée. Il constitue l'entrée d'un porche menant à la crypte. Le feston d'arcature est "l'artifice" le plus élégant sinon le plus Roman qui a permis de racheter le plan irrégulier et sinueux du vieux mur et il compose un encorbellement d'une remarquable "légèreté".

Enfin, l'arcature et l'arc ont été réalisés à partir de pierres "tout venant" (pierre des champs) soigneusement choisies et taillées par l'équipe ; et hourdées au mortier de chaux naturelle.
L'équipe étant constituée de trois personnes, les trois corbeaux massifs ont reçu la signature de chaque compagnon.

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