Arc en pierre froide

(Arc en pierre froide en anse de panier)
Juillet 1999


Cette photo d'un chantier en 1999 nous montre la fin de la phase de démolition d'un vieux plancher dégradé. Les pavés de terres cuites qui couvraient le sol de l'étage ont été déposés, triés puis stockés (sur la gauche). Les kès du plancher, eux aussi déposés et triés sont en partie rassemblés sur le sol afin d'être stockés pour un éventuel réemploi.
Il subsiste, alors, les poutres qui enjambent le vide.

Et ce qui nous intéresse maintenant, c'est le programme de construction d'un arc en pierre froide que nous allons restituer.
Il faut voir sur ces deux photos deux piliers contre les murs latéraux qui sont surmontés par un départ d'arc. Cet arc probablement ogival était établi en retrait de l'imposte très certainement pour laisser la place au cintre en bois.
La restitution de l'arc d'origine n'est pas envisageable car cela n'est pas compatible avec le projet de réhabilitation du bâtiment.
Cependant, il faut rétablir ici ce qui constituait un refend et l'idée de construire un arc surbaissé ou en anse de panier va s'imposer.

Le tracé de l'anse de panier est retenu pour sa qualité de "dégagement". Un cintre en bois est positionné sur l'ancienne ligne d'imposte et la maçonnerie des piliers est reprise, en particulier les arêtes intérieurs car les deux ouvrages n'ont pas la même épaisseur.
Déjà, des voussoirs prennent place sur le cintre de part et d'autre afin d'équilibrer les charges.

Le travail de taille (layage) est réalisé sur des blocs de pierre froide des Carrières de Pompignan. Il s'agit de grosses dalles, en l'occurrence, qui ont été débitées.

Les blocs ainsi obtenus n'ont pas la même épaisseur ni la même hauteur. Du coups, l'extrados de l'arc fait voir un appareillage en opus dont l'aspect est tout à fait en sympathie avec la maçonnerie courante.

Les tympans sont remontés en parallèle pour assurer dès que possible une charge qui peut contraindre les poussées de l'arc vers le bas, vers les fondations.
Les faces layées des voussoirs sont bien visible sur les voussoirs. Certains attendent d'être élevé dans leur position définitive.


Tous les claveaux ont pris leur place et la maçonnerie est terminée. L'ensemble est arasé pour assurer le positionnement des plateaux qui constituent l'ossature du plancher en phase de restitution.


État actuel

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Plafond provençal

(ou Plancher à planches et augets)

En Provence, ce type de plancher rencontre un franc succès que ce soit en réhabilitation ou en construction neuve. A tel point, que des fabricants réinventent le procédé de manière industrielle.
Ils proposent, en effet, des panneaux de plafond (constitués de planches et d'augets en plâtre) confectionnés en atelier et livrés en kit sur le chantier. Ces panneaux ont l'avantage d'être positionnables sous des planchers existants et peuvent donc être fixés facilement et sans toucher au gros œuvre.

Cependant, la technique de mise en œuvre d'un "vrai" plancher est tellement simple et l'aspect visuel est tel qu'il est dommage de se priver des talents d'un homme de l'art qui peut réaliser pour vous un plancher artisanal et authentique.

La technique du plancher à planches et augets (ou plancher à kès) est un art traditionnel de construction. C'est une structure porteuse qui associe des planches de bois, des demis rondins ou des kès à du plâtre ou du mortier de chaux (les kès sont des gros chevrons recoupés en 4 pour donner des sections triangulaires - on les appelle aussi des quartons). Cet ensemble enjambe le vide grâce à des poutres.

Sur cette photo (au-dessus) le plancher est réalisé avec des demi-rondins de récupération. Le bois (du peuplier) est vieux et piqué mais après avoir été trié et traité, il a pu retrouver sa destination première.
Les augets sont de chaux et de sable. On y a ajouté aussi de la paille pour améliorer la tenu du mortier dans le temps.

L'emploi de planches de châtaignier (ici des plateaux, c'est-à-dire des planches brutes - non avivées) est appréciable pour une création.
L'usage de ces planches non délignées est prépondérant pour la qualité esthétique du plafond. C'est un choix pratique aussi car ces plateaux ont conservé le flache qui est nécessaire au maintien de l'auget que l'on coulera par dessus.
De plus, on préfèrera admettre dans le lot des plateaux fendus et/ou sinueux qui ajouteront à la saveur visuelle de l'ensemble plutôt que des belles planches destinées à la menuiserie.
Bien évidemment l'utilisation de quartons ou kès ne donne pas le même aspect puisque ces bois sont issus d'un débit régulier.
L'émotion se trouve dans l'alternance du bois et de l'auget blanc mais aussi dans la facture de ces mêmes augets. La présence plus ou moins marquée de balèvres de mortier ou de plâtre et l'empreinte (témoin du platelage provisoire) sur les augets sont autant d'éléments qui font "vivre" le plafond structuré.


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Restitution d'un portail

Quartier du Faubourg du Pont - Quissac


État avant travaux

Si je prend la peine d'introduire cet article par la photo de l'état des lieux, c'est pour éviter un long commentaire. En fait ça se résume à ça : "sans commentaire" ;-)
La démolition d'un tel ouvrage étant souhaitée, elle s'est réalisée très tôt pour permettre l'organisation du chantier en particulier l'approvisionnement.


Pour la reconstruction du portail, le choix c'est porté sur de la pierre froide qui compose certains encadrements de la façade principale. C'est aussi une pierre de réemploi que l'on a apporté de nos archive afin de donner de "l'âge" à cet ouvrage. Bien entendu, il fallait retailler l'ensemble des blocs car la direction du mur n'est pas perpendiculaire à l'axe du passage.

Comme on peut le voir, nous avons, de plus, créer une face à l'équerre de la directrice du mur afin de s'éviter la taille délicate des arêtes saillantes. Le stratagème est économique en labeur, en matériaux et ne retire rien de la saveur esthétique de l'ouvrage.


Chaque pilier est composé d'une base et d'un tailloir en quart de rond. Ce tailloir fait office d'amortissement, c'est-à-dire qu'il sert l'esthétique et termine l'ascension du pilier. Le tailloir est suivi d'un filet de parefeuilles pour couronner le mur d'enceinte.

On peut observer dans les deux photos précédentes l'appareillage des piliers fait de pierres irrégulières. Les assises sont de hauteurs différentes et les lancets pénètrent la maçonnerie à des longueurs variables.
C'est une commande sans faste qui est en sympathie avec le caractère modeste du bâti général.

Il n'en reste pas moins que cette cour a, dès lors, trouvé une certaine "dignité", un charme qui inspire le calme, le repos, le plaisir de laisser passer le temps au chant du Vidourle tout prêt.

Phases précédentes : le cabanon, le perron, le auvent.

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Restauration d'un auvent

Quartier du Faubourg du Pont - Quissac


Après avoir préparé des trous de réservation dans les murs latéraux et engagé quelques briques dans ces derniers pour former les impostes, le cintre provisoire en bois est installé.
L'implantation de l'ouvrage est située en retrait de la tête de mur pour assurer l'alignement du débord de toiture. Elle s'inscrit, de plus, dans le prolongement logique du mur du cabanon qui peut s'opposer aux forces engendrés par l'arc segmentaire.

Les briques prennent leur position sur le cintre. Elles sont scellées au mortier de chaux. On démarre de chaque côté afin de répartir les charges sur le cintre.

A l'instar de la photo ci-dessus, les ouvrages ornementaux - ceux avec lesquels on prend finalement le plus de plaisir à l'exécution - se réalisent trop vite.
Sur le cintre, l'arc en brique est déjà est terminé ; la maçonnerie en pierre des tympans est réalisée ; même la génoise faite de vielles tuiles rondes retournées a pris sa place (sa mise en oeuvre encore toute fraîche oblige le maintien du chevron, support provisoire de l'ouvrage en encorbellement).
Déjà le débord de toiture s'organise au-dessus et à gauche, le maçon va bientôt reprendre la maçonnerie de la tête de mur dont la partie haute était restée en attente.

La livraison de cet appentis sur arc segmentaire en brique nous permet de conforter un choix judicieux, celui de conserver à l'ouvrage une grande hauteur.
Ainsi, cette architecture apporte une certaine "grandeur" à la cour dont la surface est très réduite. Sa superficie n'étant pas extensible, il fallait grâce à cette construction gagner en hauteur. Un choix inverse aurait d'ailleurs "écrasé" le fond de cour. 
Cette réalisation dont la portée de l'arc fait montre d'une certaine hardiesse, est l'élément majeur de ce bout de terrain, elle inspire à ce lieu un sentiment de générosité.

Étape suivante : restitution d'un portail.
Phases précédentes : rénovation d'un cabanon, restitution d'un perron

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Restitution d'un perron

Quartier du Faubourg du Pont - Quissac



Etat avant travaux

Le perron était tellement dégradé qu'il en était dangereux. Mais il fallait retrouver sa facture originelle. Aussi les marches seront restituées : des pierres massives de grosse épaisseur pour former la marche et la contremarche dans le même bloc.


Les blocs (de réemploi) sont "en chantier"

Rien ne subsistera à part l'image (le souvenir)...


L'ouvrage se réalise rapidement, sable, chaux, pierre naturelle, très peu de matériel... du bonheur ;-)

Phase précédente : rénovation d'un cabanon
Prochaines étapes : restauration d'un auventrestitution d'un portail.

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Rénovation d'un cabanon

Quartier du Faubourg du Pont - Quissac

Il y avait bien une remise, grande et bien charpentée dans laquelle l'ancien meunier distillait son alcool dans de vieux alambiques. C'était aussi le "logement" du cheval...
Mais, en 1991, lorsque le nouveaux propriétaires achètent la bâtisse, l'appentis n'est plus qu'une ruines et de vilains ouvrages en béton défigurent ce petit coin.



Le choix du premier élément à réhabiliter se porte sur le cabanon. C'est, en fait, une "loge à cochons" avec un plancher pour faire une petite resserre.
Les ouvertures ont un certain charme mais leur hauteur les rend incompatibles avec l'utilisation future de ce petit bâtiment. Le plancher est détruit et les ouvertures sont remaniées. En ce qui concerne la toiture... elle est vite déposée.


Élévation générale côté cour



Cette réhabilitation est l'occasion d'apporter une touche d'embellissement, d'ostentation. 
Aussi, nous avons réalisé un débord de toiture rampant posé sur un filet de parefeuilles. L'ensemble est fait de vieilles tuiles rondes. 
L'ancien mur de la remise est raccourci pour se terminer par une tête de mur. Celle-ci est justifiée dans l'alignement projeté du auvent à venir.
Enfin, une maçonnerie de pierre et chaux est remontée au-dessus d'un linteau en pierre.

Prochaines étapes : restitution d'un perron, restauration d'un auventrestitution d'un portail.

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Balancement d'escalier

La décision de créer un quart tournant ne se prend pas à la légère, il faut bien réfléchir aux possibilités qu'offrent les dispositions existantes. Pourquoi ? Parce qu'à choisir, il vaut mieux édifier un escalier à volée(s) droite(s) avec ou sans palier. 
La nécessité de transporter des meubles, la commodité et l'aisance de la foulée devrait toujours primer sur la volonté de réduction systématique de l'encombrement d'un escalier.
Cependant, dans ce programme de création d'un escalier, en 2007, dans lequel la foulée se veut facile (marche : 30 cm, giron : 27 cm et hauteur : 17 cm) la longueur de la volée conduit l'entreprise à créer un balancement.

Ces marches gironnées sont "consommatrices" de matériau car les dimensions brutes des dalles sont augmentées de 20 à 60%. De plus, le tracé de l'épure ne se fait pas sans réflexion, mais...
Il reste de tout ceci, une satisfaction, un plaisir...

...celui des yeux.

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Création d'un palier et retournement d'un escalier

L'escalier existant d'une maison d'habitation débute sur un couloir de distribution que l'architecte, en février 2007, veut voir modifier. La redistribution du premier étage conduit, effectivement, le maître d’œuvre à créer une volée pour détourner la ligne de foulée sur le côté. Un palier est prévu pour permettre le retournement d'autant que celui-ci permet toujours le transport de quelques meubles et facilite la marche.

Les premières marches sont à supprimer. L'opération préalable consiste à démolir le limon dans la partie concernée. Ici la "lumière" de l'escalier et le limon étaient couverts par une dalle rampante, cette dernière est démolie.


L’arrachement des marches va servir le réemploi, il était bien évidemment plus facile et plus rapide de couler une forme en béton mais dans ce cas notre entreprise n'avait pas à faire la différence. La difficulté qui va suivre consiste à greffer un limon pour enjamber la "lumière" de l'escalier ou de réaliser une paillasse pour assurer la même fonction.

La deuxième option sera réalisée. La pose des marches récupérées et préalablement recalibrées est effectuée... 
Puis le scellement de vieux pavés de terre cuite pour garnir le palier confirme les choix nécessaires à l'intégration du nouvel ouvrage.

Enfin, la dernière étape va voir la confection des enduits sur les contremarches.

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Restitution d'un arc triomphal géminé

Lorsque cette photo est prise, le chantier a débuté. L'entreprise a déjà réalisé la taille et la pose d'un pilier (au centre). Le tailloir est mis en œuvre, aussi...
Mais avant de continuer, il me faut donner quelques explications sur l'ouvrage existant.

Dans cet ancien Prieuré, une Chapelle présente une particularité toute singulière. Son abside est formée par deux absidioles. Cas certainement unique dans toute la région, il n'en reste pas moins que l'ouvrage a été outragé.
En effet, la bâtisse qui était à l'abandon (il n'y avait plus de toiture) avait servit un temps de bergerie et de paillé.
Pour une raison obscure, le pilier qui joignait les deux arcs en plein cintre a manqué (détruit par un sinistre ou démolit pour des travaux de modification). Une construction en pierre "tout venant" avait été édifiée pour supporter les deux arcs amputées.
Trois arcs de facture moindre supportaient depuis deux arcs incomplets dont l'existence devait remonter à l'époque Romane (voir le livre de R. Clément, Églises romanes oubliées du haut Vivarais).


Ainsi, le programme consiste à restituer le pilier avec son tailloir qui reprend la forme du cordon de la nef en quart de rond ; et le voussoirs composant les parties des arcs manquantes.
La pierre utilisée est une pierre froide de carrière : la pierre de Pompignan.

Revenons à notre première photo, en particulier à un endroit où toutes les forces se rencontrent. C'est là que l'équipe doit aborder le délicat travail de reprise des poussées des arcs entremêlés. Il faut démolir, étayer, construire tout à la fois, en sous-œuvre de surcroît.

Il faut voir dans le détail ci-dessus que la maçonnerie "intruse" a été retirée, pour dégarnir jusqu'aux voussoirs anciens afin de permettre la restitution des arcs appareillés. Ensuite, les compagnons ont percé l'arc du bas pour que ceux du dessus reprennent appui sur leurs sommiers. On remarque à ce propos que les sommiers "restitués" sont placés au fond et sur le tailloir.
Enfin, le travail d'étayage est assuré par des étais en éventail. L'opération suivante consiste en la démolition de la partie supérieure de l'arc central.

Voilà c'est fait. La jonction est faite... elle se matérialise par un double sommier que l'on appelle "mitre". L'objet placé devant n'est pas une bouteille (sourire), mais un maillet bol ou "cloche" en bois, c'est l'équivalent d'une massette que le compagnon se sert pour réaliser la taille des blocs.

Les voussoirs de même facture que les anciens prennent leur position rayonnante à l'aide d'un cintre partiel. Un long madrier rampant posé sur la plate forme de travail a servi à barder les lourdes pierres équarries.

L'ouvrage est terminé, la démolition peut s'effectuer, c'est un long travail à la pince et au marteau piqueur. L'absidiole ainsi libérée retrouve toute son émotion.

Le dégagement du deuxième arc triomphal est réalisé.

Les deux absidioles géminées retrouvent ainsi leur arc triomphal qui ici est constitué d'un doublé d'arcs plein cintre sur pilier ajouré.

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