Restauration d'encadrements en pierre #2

Si toutes les autres ouvertures de ce pignon sont des fenêtres, une seule est une porte dont la présence déséquilibre l'ordonnance de la composition. Cette porte traduit un usage agricole ancien, bien sûr.
En effet, on pouvait par elle s'introduire dans le bâtiment lorsque l'on était jucher sur la charrette remplie de paille.
Cette paille était stockée dans la magnanerie transformée en pailler quand l'éducation du ver à soie était terminée.

La décision est prise de modifier cette ouverture et de faire régner les appuis des baies du premier étage comme ils le sont au second.

Contrairement à la première technique réparatrice, pour cette ouverture, la partie supérieure des jambages est conservée. Il faut donc maintenir cette partie en oeuvre alors que les premières pierres des jambages sont retirées. C'est-à-dire, assurer la reprise des charges verticales tout en évitant l'encombrement des étais qui engendrent trop de sujétions de mise en oeuvre. Imaginez des étais tout contre les pierres à déposer, cela compliquerait considérablement le travail !

Toute l'astuce réside donc dans l'application d'une force horizontale qui va s'opposer aux charges descendantes (forces verticales). La forte pression appliquée par un étai posé transversalement et les efforts de friction de la maçonnerie environnante empêchent la chute des éléments supérieurs.

Le maintien des éléments en place réalisé ainsi permet le remontage de la maçonnerie en sécurité. Des pierres de même calibre et de même couleur sont associées à du mortier de chaux naturelle lui-même "sali" pour s'intégrer à l'existant.

Posé sur cette maçonnerie de pierre "tout venant" constituant l'allège, l'ancien seuil en pierre froide devient une pierre d'appui. Puis des éléments de "molasse", neufs, sont posés "en tiroir" et assujettis dans l'ouvrage qui s'est métamorphosé de porte en fenêtre. Il ne reste plus qu'à patiner les deux départs en pierre tendre pour parfaire l'intégration.